Trois arbres

Ils sont trois, côte à côte,
ou plutôt branches à branches,
trois arbres, plantés dans le préau d’une école voisine;
j’en aperçois le sommet,
depuis la fenêtre de ma cuisine.

Trois majestueuses boules de feuilles qui,
lorsque le vent passe par là,
se balancent ensemble.

Ensemble?

Pas tout à fait.

Car chacun est différent;
chacun est unique.

Étant de la même espèce, ces arbres se ressemblent, oui.
Mais…
Chacun a une structure qui lui est propre.
Chacun a sa personnalité.
Chacun ses branches, chacun ses feuilles.

Aussi, lorsque le vent les agite,
ne bougent-ils pas à l’unisson, comme le font les musiciens d’une fanfare militaire,
tous le même tempo,
le même pas,
le même geste au même moment.

Ces trois arbres, eux, bougent ensemble, oui,
mais chacun ayant ses propres branches, ses propres feuilles,
chacun suit sa propre chorégraphie.

Approchons-nous un peu.

Chaque branche de chaque arbre ayant sa propre forme,
sa propre épaisseur, sa propre longueur,
l’arbre en lui-même ne bouge pas de manière uniforme.

Et il ne viendrait probablement pas à l’idée d’une seule de ces feuilles de vouloir copier le mouvement de sa voisine.
Non.
Chacune a une position unique,
et chacune bouge en fonction de ce qu’elle est,
de sa place,
de son orientation,
de la manière dont elle reçoit le souffle du vent.

Chaque feuille a sa vérité.
Et l’ensemble de ces vérités forment la vérité de l’arbre.

Alors si l’arbre est capable d’exprimer sa vérité,
dans toute sa complexité
et indépendamment de celle de son voisin,
pourquoi donc m’est-il parfois si difficile de connaître la mienne?