L’exposition STRATES, à Assens

Il y a deux ans et demi, j’ai publié sur cuk.ch un billet sur mon ami Luc Tiercy, sculpteur.

Il y a quelques jours, je me suis rendu à l’Espace Culturel d’Assens, pour le vernissage de l’exposition STRATES à laquelle Luc participe.

La peintre-graveuse-dessinatrice Renée Furrer présente ses œuvres, dont notamment une série (Regards croisés) réalisée en collaboration avec le photographe Thierry Wenger. Elle a proposé à Luc Tiercy de participer à cette exposition et il a réalisé des pièces qui entrent en résonance minérale avec les tableaux exposés.

De g. à dr.: Renée Furrer, Luc Tiercy, Janine Lanfranconi (responsable de l’Espace Culturel d’Assens) et Thierry Wenger.

De g. à dr.:  Renée FURRER, Luc TIERCY, Janine LANFRANCONI (responsable de l’Espace Culturel d’Assens) et Thierry WENGER.

 

Ces trois artistes ont en commun une grande passion pour la nature. Cette exposition est plus particulièrement consacrée à la montagne.

La première série d’œuvres que l’on rencontre en entrant dans la salle est la série de tableaux réalisés conjointement par la dessinatrice et le photographe, série titrée “Regards croisés”. L’idée était proposer des œuvres mixtes, mi-photo mi-dessin, le challenge étant de produire un résultat visuel qui ne donne pas l’impression d’un simple collage. Ainsi la frontière entre photo et dessin est-elle un peu floue, les deux techniques se superposant parfois.

Par ailleurs, Thierry Wenger a travaillé ses photos de manière à ce que, tout en restant identifiables comme photographies, elles proposent une texture qui ressemble un peu à celle du dessin. En ce qui me concerne, l’effet est parfaitement réussi. Au premier coup d’œil, de loin, je n’ai pas immédiatement identifié cette cohabitation. Et confusément, je trouvais curieux ce fusain qui tout à coup se faisait plus dense, plus “couvrant”. Ce n’est que dans un deuxième temps que j’ai vraiment compris qu’une partie du dessin… était une photo (et vice-versa).

Le choix a été fait de différencier les techniques en fonction des plans de l’image. Tantôt c’est le premier plan qui est photographié et le deuxième dessiné, tantôt c’est l’inverse.

Thierry Wenger m’a expliqué qu’il réalise d’abord la photo. Puis, un tirage est effectué en masquant un des plans, qui est alors dessiné par Renée Furrer à même le tirage photo. Il a fallu pour cela trouver un papier photo qui permette l’intervention au fusain, ce qui a nécessité de longs et laborieux essais de manière à vérifier la faisabilité du projet. Renée me précise que le fusain sec est volatile et demande de la rigueur;  le papier, après passage pour la photo, est émulsionné. Aucune ligne ne pouvant être effacée, le travail du dessin est définitif et doit être réussi directement. (Merci aux deux artistes pour ces précisions techniques!)

Voici quelques images, pasque c’est pas le tout d’en parler, mais finalement, hein…

(Ô Toikimeli, veuille bien me pardonner la piètre qualité des images qui suivent, capturées “à l’arrache” avec mon iPhone SE.  J’espère tout de même que l’ensemble du billet saura te mettre l’eau à la bouche.)

Ici, on voit bien la limite entre les deux plans. Mais de loin, j’ai tout d’abord cru que la dessinatrice avait mis plus de “matière” visuelle dans le premier plan. Ou alors que le photographe avait durci le contraste du second:

 

Là, c’est intéressant. Ce tableau est l’inverse du précédent. C’est la même image, mais c’est le premier plan qui est dessiné et le second photographié:

On voit bien que le dessin dépasse des limites de la photo. J’ai mis du temps à m’en apercevoir, mais c’est le cas dans la presque totalité des œuvres. Et cela donne au dessin une présence supplémentaire que j’aime bien.

Ce dépassement me rappelle une installation de Renée Furrer, ailleurs dans la galerie, qui présente un panorama sur environ 300 degrés:

Dans la présentation qu’elle en a faite, elle disait (en substance et de mémoire): “Dans ces paysages de montagne, tout est beau. Alors quand je commence à dessiner, je continue, je continue, je n’arrive plus à m’arrêter!”

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Mais je n’ai pas encore parlé des œuvres de Luc Tiercy, alors que c’est tout de même d’abord pour lui que j’étais là-bas! Bon. Peut-être qu’en fait j’avais envie de le garder pour le dessert…

Les pièces qu’il propose, je l’ai dit, ont été conçues pour cette exposition, en résonnance avec les tableaux de Renée Furrer (et Thierry Wenger). De manière générale, les œuvres de Luc ne sont pas figuratives. Mais il arrive que certaines formes et textures s’inspirent de manière plus ou moins lisible d’éléments de la nature. C’est particulièrement le cas dans cette exposition. Ainsi, à proximité de ce tableau, que j’aime beaucoup…

…se trouve une pièce qui présente une sorte de coulée d’avalanche, de glissement de terrain:

Dans une autre partie de l’exposition, là où l’on peut découvrir des peintures de Renée Furrer, se trouve notamment une série de petites toiles nommées Cimes, devant lesquelles Luc propose des pièces qui reprennent l’idée de la cime:

Ô, Toikimeli, sache que ces images ne rendent absolument pas justice à l’œuvre du sculpteur. Parce que là, on est d’un côté, et, fatalement, on n’en voit qu’une partie. Logique. Or, je me souviens particulièrement de la pièce de droite sur cette image, qui, vu de l’autre côté, exprime à mon sens encore mieux cette idée de cime, ou plus précisément d’arrête rocheuse, façon Gastlosen. Mais comme je voulais te montrer les sculptures et les peintures sur la même image, on ne voit pas le côté “Gastlosen”. Je te prie de m’en exc… non! C’est fait exprès, pour te donner envie d’aller voir sur place!

Et voici une autre raison d’y aller: ainsi que je l’avais signalé dans mon article sur cuk.ch, Luc Tiercy invite le visiteur à toucher ses sculptures. Son travail explore les différentes façons dont la matière peut s’exprimer à travers sa surface, ses textures. C’est particulièrement visible sur cette pièce, qui présente une alternance de surfaces lisses et rugueuses:

Par ailleurs, dans la petite salle du haut, trône une unique pièce dont Luc nous a dit qu’elle présente pas moins de cinq textures distinctes, fruit de cinq manières différentes de travailler la surface:

Bon, là, forcément, on ne perçoit pas les textures. Mais vas-y, j’te dis! Vas-y!

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Voilà. Te dire encore que l’Espace Culturel se trouve à 10 minutes à pieds de la gare d’Assens, sur la ligne ferroviaire du LEB, à 11 km au nord de Lausanne. (ici)

 

LIENS

Espace Culturel d’Assens

Renée Furrer

Luc Tiercy

Thierry Wenger

Flyer de l’exposition en pdf

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