Je me réjouissais de relancer mon blog après son déménagement. Notamment parce qu’il m’arrivait de penser à un thème que j’aurais eu envie de partager comme ça , sur le pouce, à la suite d’un épisode de vie. Alors voilà:
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On m’a demandé récemment:
— Tu as un album de jazz préféré?
J’ai répondu (c’était une conversation par messagerie):
— Marrant. Cette question, toute innocente qu’elle soit, déclenche en moi toute une cascade de pensées… Disons, pour faire court, qu’il y a effectivement des albums que je préfère à d’autres. Mais ça bouge.
UN préféré, non, je ne crois pas. J’en suis même sûr. La musique est trop diverse et riche pour que j’attribue à UN album le rang de préféré.»
…et puis je me suis arrêté là. Mais dans ma tête, j’avais un sentiment bizarre, que j’ai rapidement identifié. En fait, je réalisais que, faisant inconsciemment une confusion de sens, j’avais failli répondre:
— Mais ça n’existe pas, ces classifications. Y faut arrêter, avec ces classifications. Marre de ces superlatifs, de ces trophées, de ces honneurs accordés à l’un qui retombent en disgrâce sur les suivants!
En relisant la question qui m’était posée, j’ai vu qu’il ne m’était pas demandé de désigner un album comme étant LE meilleur, mais de désigner celui que JE préfère. Et probablement que ma correspondante aurait pu ajouter “en ce moment”, car je suis certain qu’elle est consciente que nos goûts évoluent.
En ce sens, j’ai aimé cette question qui m’interpelle en tant qu’auditeur, amoureux de la musique, à propos de mon expérience personnelle, plutôt que de me placer dans le rôle d’un juge, d’un spécialiste (que je ne suis pas) à qui on demande une évaluation soit-disant objective. (Je retrouve ici la thématique d’un billet que j’avais écrit dans une vie antérieure, sur cuk.ch. Si tu es sage, je le publierai ici.)
Toutefois, la virulence de ma première réaction intérieure m’a rappelé à quel point je déteste de plus en plus les classements, les trophées, les désignations d’une personne ou d’une oeuvre comme étant la meilleure. Je suis de plus en plus convaincu que cela fait plus de dégâts qu’autre chose.
Ces classements génèrent des bénéfices colossaux lorsqu’il s’agit par exemple de trophées sportifs, mais dans ces mêmes domaines ils provoquent aussi de nombreux drames, déchainement de violence, fierté mal placée…
Me revient quelque chose que j’avais entendu et qui m’avait bien plus. Dans je ne sais plus quelle ville, région, tribu, école… le football est un sport qui est beaucoup pratiqué. Il l’est cependant d’une manière atypique: lorsqu’un joueur a marqué un but, il change de camp, et le match continue. Il me semble que c’est une excellente manière de rendre à ce sport sa dimension de spectacle tout en désamorçant tout ce que la compétition peut engendrer de dérive.
Pour en revenir à la question de départ, il me semble donc que j’ai de moins en moins de préférence. Lorsque je me rends compte que j’écoute trop souvent le même album, artiste, genre musical, je me décentre et je vais chercher dans ma discothèque (ou sur Qobuz, auquel je suis abonné) d’autres univers, d’autres ambiances, connues ou inconnues mais délaissées. Ainsi ai-je parfois fait des découvertes fantastiques, et, mais beaucoup moins souvent, vécu des moments plus difficiles. Lorsqu’il s’agit d’un disque, c’est facile d’en changer. Mais lorsqu’il s’agit d’un concert (ou d’autre art vivant), ça peut être plus délicat. Je mets par contre un point d’honneur à rester jusqu’à la fin, ou au moins jusqu’à la pause. Par respect pour les artistes.
Alors, mon album de jazz préféré, je ne peux pas dire.
Mais ce qui est sûr, c’est que le jazz est — en ce moment — mon style de musique préféré!
Comme quoi…
Comme je suis bien d’accord avec toi!
Mais il reste que ton blog est mon blog préféré!!!
Nadia
Merci Nadia!
Mais… tu en suis d’autres? Je serais intéressé de savoir lesquels!
Heu…malheureusement non!
J’apprécie d’autant plus le tien qui me réjouit à chaque fois.