Le Léon Phal Quintet

Le saxophoniste Léon Phal m’était connu depuis quelque temps pour l’avoir vu comme sideman dans plusieurs projets d’autres musiciens. Mais son quintet à lui, je ne connaissais pas. L’ayant raté à Cully en avril 2018, je cherchais à rattraper le coup.

Récemment, Léon a annoncé la sortie de son premier album. Youpi, tralala, et toute cette sorte de choses.

Dans la foulée, une tournée de concerts pour le vernissage dudit album. Mais pas de date à Genève. Zut, flûte, et tout ça.

J’ai donc décidé de me rendre à Lausanne ce vendredi 10 janvier. Après tout, c’est pas si loin, hein. C’est juste qu’après il faut rentrer et que je ne supporte plus tellement de me coucher trop tard. Mais bon. Des fois, ça vaut le coup. Et là, c’en est clairement une!

L’album, le voici :

Pochette du CD

(liens : Inouïe Distribution, Qobuz, iTunes, Spotify, Deezer, YouTube)

J’aime ce CD. Certains titres m’ont semblé familiers dès la deuxième écoute, d’autres ont dû insister un chouïa, mais pas longtemps. Et je me réjouis comme un petit fou de ce concert lausannois ! Parce que, comme je l’ai lu sur le t-shirt d’un festivalier à Cully :

« La meilleure façon d’écouter du jazz, c’est d’aller le voir ! »

~ ~ ~

J’ai ri en lisant le premier titre de cet album : Still Waiting. Parce que je venais de me dire : « depuis le temps que j’attends de découvrir ce quintet ! » et bim, la première plage me fait encore attendre ! Mais quelle attente délicieuse !

Les premières notes sont celles de la trompette de Zacharie Ksyk, soutenues par quelques intervalles saxophonés par Léon Phal. D’entrée, le boss se met au second rang. J’aime bien.

Puis c’est Gauthier Toux qui pose quelques brefs accords au Fender Rhodes, comme un pouls qui hésite. Ces accords sont subtilement enrichis par un discret effet d’écho. Enfin, la rythmique s’invite avec la contrebasse de Rémi Bouyssière et la batterie d’Arthur Alard. La pulsation est carrée, sobre, mais fichtrement efficace. Et une écoute attentive me révèle un enrichissement progressif de cette rythmique, comme pour faire écho au ruissellement d’arpèges déroulés par le sax du patron, lequel ne manque pas d’air.

Il y a plein de beaux moments dans ce premier titre. La prise de solo de Léon Phal, notamment, qui semble enfin parvenir à s’échapper de ses arpèges et à respirer un peu, ainsi que ce passage que Gauthier Toux nourrit d’ambiances un peu plus planantes avec son deuxième clavier, que j’hésite à appeler orgue, synthé… Mais qu’est-ce que ça ouvre !

En fait, je réalise que, malgré l’apparente simplicité du thème et du schéma harmonique (deux accords en tout et pour tout), cette pièce est d’une richesse incroyable, notamment grâce aux détails de la texture de fond qui n’en finit pas de me ravir.

Rassure-toi, je ne vais pas te raconter tout le morceau ! Écoute-le, savoure-le, et dis-moi s’il te fait autant de bien qu’à moi.

Je ne vais pas te raconter tout le disque non plus. Mais quand même :

  • j’aime le deuxième titre, Canto Bello, avec sa rythmique encoublée et ses passages en trio piano/contrebasse/batterie (j’adoooore les trios !) ;
  • je n’ai pas fini de kiffer le troisième, Autumn in Ay, avec cette note obsessionnelle qui revient sans cesse exciter mon sens du rythme et que j’ai mis du temps à situer précisément ;
  • et cette intro sauvage de Day Sleeping (4), qui me plonge dans les tréfonds d’une cave profonde, dont la voute est pourtant céleste ;
  • puis l’apaisement de Blind Feelings (5) pendant lequel je me mets à compter les étoiles, accompagné par les sons de Gauthier Toux qui, curieusement, me rappellent certaines ambiances Pink-Floydiennes des années 70 ;
  • j’en termine avec le savoureux Cercle fermé (7), dont je goûte particulièrement les chemins harmoniques ; sans parler sa conclusion toute en frustration, que vient comme consoler l’intro du titre suivant, Dear Mr. White. Cet enchaînement me ravit à chaque fois.

Les titres que je ne mentionne pas ci-dessus, c’est pas parce que je ne les aime pas, hein, c’est juste pour pas te fatiguer. Pasque y’en aurait à dire, des trucs. Par exemple que le dernier morceau porte tellement bien son titre… Bon, bon, pas taper, j’m’arrête !

Les musiciens du quintet

Photo tirée de la page Facebook du 5tet.
De g. à dr. : Zacharie Ksyk (trp), Rémi Bouyssière (cb),
Gauthier Toux (claviers), Léon Phal (sax) et Arthur Alard (bat)

Tu l’auras compris, ô Toikimeli, cet album est un gros coup de cœur. Chaque musicien y apporte sa touche, sa personnalité, et l’ensemble me fait un bien fou. En parcourant les quelques vidéos que j’ai trouvées sur YouTube, j’ai de plus la conviction que si la galette est bonne, l’expérience live doit être encore plus forte. Je me réjouis de vérifier bientôt cette impression à Lausanne !

 


Le Léon Phal Quintet n’a pas (encore ?) de site, mais une page Facebook.

Concerts :

Léon, que j’ai consulté, m’a informé qu’il y a

« quelques autres dates mais les progs officielles n’ont pas encore été rendues publiques donc on ne peut pas communiquer dessus ».

Tu sais quoi ? Je vais immédiatement allumer un cierge pour que la scène Sweet Basile de Cully en fasse partie!

4 réflexions sur “Le Léon Phal Quintet”

  1. Alors tu vois, il y a des fois où je me dis que je suis souple. 😉

    J’ai de la difficulté avec le jazz “moderne”?

    Ben ce premier morceau que tu nous a bien décrit, j’apprécie.

    Et là, le deuxième est très intéressant aussi.

    Et très belle prise de son, faudra que tu viennes écouter la chose sur les Jean Maurer, c’est dingue!

    Merci pour ce coup de cœur!

    1. Oh mais dis!

      Déjà le Montagne! Trio t’avais conquis au point de t’acheter le CD… Seras-tu conquis par le Léon Phal 5tet au point de venir l’écouter à Lausanne avec moi? (On peut rêver!)

      Mais je suis vraiment content que tu apprécie. C’est vrai que cette musique est tout de même plus accessible que certaines autres dont j’ai parlé ici ou sur cuk. N’empêche! Ça me touche que tu apprécies. Et j’ai moi-même fait un tel chemin pour entrer dans cette musique, que j’ai très envie de donner envie à d’autres d’en faire un bout aussi!

      Et oui, me voilà avec une nouvelle raison de revenir passer par Bière pour cette écoute. Bientôt!

  2. Je n’ai pas pu résister à ton enthousiasme et je suis allée écouter Still Waiting puis Autumn in Aÿ et Blind Feeling. J’ai tout bien aimé, mais j’ai BEAUCOUP aimé Blind Feeling ce qui ne va pas t’étonner! Musique “classique”, jazz…il faut juste que je sois emportée! Bise Dominique.

    1. Oh là là… J’ai été un peu HS ces derniers jours et du coup j’ai oublié de te répondre.
      Content que ça t’ait plu! Tu écris que je ne serai pas étonné que Blind Felling t’ait particulièrement plus. Pourquoi? Parce que c’est un morceau particulièrement accessible pour les non-jazzophiles? Parce qu’il est plus calme? Si c’est le cas, je te conseille vivement d’écouter le dernier, Back Home.

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