J’avais déjà vu IKARUS sur le site de leur maison de disque qui est celle de Nik Bärtsch, un musicien que j’apprécie tout particulièrement. Il est également producteur, et quand une nouveauté sort dans son catalogue de Ronin Rhythm Records, j’écoute. Et là, je peux avoir trois genres de réactions:
- Ben non, pas mon truc.
- Mouais, faut voir en live.
- Oh oui oh oui, mais grave de ouf, carrément, toussa.
À première écoute, Ikarus s’est placé en deuxième position. À savoir que je n’étais pas complètement séduit, mais que je pressentais que j’aurais besoin de les entendre en concert avant de savoir si oui ou non.
Ils sont restés ainsi comme ça en réserve jusqu’à ce que je voie leur nom au programme OFF du Cully Jazz Festival, en 2019. Ils jouaient au Sweet Basile, un caveau que j’apprécie tout particulièrement parce qu’il est intimement lié aux débuts de ma passion pour le jazz. Et aussi parce qu’il y a des places assises, ce qui n’est pas le cas de toutes les scènes du OFF.
J’arrive en avance, je m’installe, et je patiente. Ils entrent, prennent place, le concert commence. Et là, j’explose intérieurement dès les premières mesures. Pas une explosion destructrice, non. Plutôt une sorte de gigantesque feu d’artifice, la pollution en moins.
Une musique qui a comme un air de famille avec celle de Nik Bärtsch, répétitive, obsédante, avec des rythmiques parfois complexes (c’est d’ailleurs le batteur qui en est le compositeur), mais avec un groove qui me transporte, me fait vibrer, me fait du bien partout. Avec une originalité particulière:
En effet, Ikarus est composé d’une base classique de trio piano/contrebasse/batterie. Et au lieu des habituels instruments à vent (trompette, sax…), il y a deux vocalistes. Une femme et un homme qui chantent, sans paroles, par onomatopées et sons divers, avec une précision et une virtuosité décoiffantes. Ces deux-là se servent de leur voix comme d’instruments dont les sonorités m’ont enthousiasmé. Ce que j’avais pressenti en écoutant leur album sur Bandcamp se confirme de la plus belle manière.
Comme il est d’usage dans les caveaux du Cully OFF, les groupes jouent trois sets, de manière à ce que les festivalier·ères puisent déguster un set ici, un autre là-bas… Aussi, lorsque les musicien·nes voient que je reste pour le deuxième set, ielles me disent que la playlist ressemblerait beaucoup à celle du premier. Je leur réponds que je reste en connaissance de cause, et que de toute façon, comme je découvre leur répertoire, j’aurai sûrement plaisir à réentendre les titres que j’ai appréciés, c’est à dire tous. Et puis, dans le jazz encore plus qu’ailleurs, la musique est vivante. Donc elle vit. Et d’une exécution à l’autre, il y a forcément des différences, des découvertes, des surprises, et pas que dans les moments d’improvisation…
Autant te dire que lorsqu’ielles me voient revenir pour le troisième set, après une petite balade dans le village, y mouftent pas!
J’aurais voulu te montrer une photo d’Ikarus, mais celle que j’ai faite n’est vraiment pas terribles.
Hein? Quoi? Tu veux quand même?
Bon d’accord, mais faudra pas venir te plaindre:
IKARUS au Cully Jazz Festival en 2019
De g. à dr.: Lucca Fries, Mo Meyer, Anna Hirsch, Andreas Lareida, Ramón Oliveras
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Si je t’en parle aujourd’hui, c’est parce qu’Ikarus remonte sur scène pour célébrer la naissance de leur petit dernier, l’album Plasma. L’heureux événement est annoncé pour le 25 février, mais il est déjà en précommande sur Bandcamp (lien ci-dessus).
Et dans leur tournée, il y a un passage en Suisse Romande: à La Chaux-de-Fonds, le 18 février, dans la saison des Murs du Son. Je nourrissais le secret espoir que le groupe soit également présent au Cully Jazz, en avril, mais le programme du OFF n’était pas encore publié et je n’avais pas envie de prendre le risque qu’à ce moment-là le concert chaux-de-fonnier soit complet. J’ai donc acheté un billet. J’ai bien fait. Il ne sont pas au programme de Cully…
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À toutes fins utiles, voici la tournée telle qu’elle se présente à l’heure où je mets sous presse:
Ponctionné sur leur page Facebook
Et pour terminer, voici une vidéo d’Ikarus en concert en 2017.
Cette vidéo est la première d’un ensemble de six, captée lors du même concert. Une bonne manière de parcourir leur univers, si le cœur t’en dit.
Bonne écoute!
Alors là…
Respect!
Bon… je sais que toi et moi nous aimons Camille, et il y a quelque chose dans le style qui me rappelle cette chanteuse formidable.
Franchement, j’adore.
J’ai regardé l’entier de la vidéo que tu as proposée, c’est vraiment prenant.
En plus, c’est beau.
Merci pour cette découverte!
Très heureux que tu apprécies! J’en viens à regretter de ne pas avoir publié ce billet plus tôt; peut-être aurais-tu eu l’opportunité de venir au concert avec moi…
Je suis dans le train du retour. Le concert d’hier soir a été pour moi une sorte de séisme émotionnel. Je peux dire que j’ai vécu là une de mes expériences musicales les plus fortes. Le feu d’artifice intérieur dont je parle dans mon article lors du concert de Cully en 2019, c’était un pétard chinois à côté de ce que j’ai vécu hier! Que des nouveaux titres, à part le premier rappel (le second étant improvisé). Leur répertoire évolue dans une direction qui me fait penser que la prochaine fois qu’ils seront à Cully, ce sera à n’en pas douter sur la grande scène du chapiteau. Ce jour-là, je serai présent, quoi qu’il m’en coûte!
Et toi aussi, j’espère!
Désolé, réponse 1, idem pour Camille d’ailleurs, c’est cohérent. Ça me passe au-dessus sans me toucher.