Autour de moi, le silence.

Autour de moi, le silence.
Il est là, tout près.

Comme un ami, intime ;
comme un habit, infime
et pourtant infini.

Sur ce banc où je me tiens assis,
il se révèle à moi,
n’attendant que mon attention pour se déployer,
pour résonner.

Car le silence est là, toujours.

Ça n’est jamais lui qui se tait,
qui s’absente ;
c’est moi qui — trop souvent,
le chasse.

C’est moi qui le recouvre de bruit ou de musique,
qui le trouble de mille pensées,
moi qui le fuis
ou le poursuis,
selon mon humeur.

Lui est toujours là.
Il n’attend que moi.

Et aujourd’hui, sur ce banc,
je choisis de l’accueillir.

Je le prends sur mes genoux,
ou plutôt non :
c’est moi qui m’installe sur les siens ;
c’est moi qui me blottis contre son sein.

Autour de moi, le silence.

À peine est-il troublé
par le bruit que fait le vent en caressant mes oreilles.
Un vent léger,
comme une respiration,
la respiration du silence.

Autour de moi, le silence.

Plus loin, un oiseau chante.
Un merle, je crois.
Je ne connais pas sa langue,
j’ignore s’il est heureux, parce que le temps est au soleil,
ou alors triste, pour quelque raison qui m’échappe.
Mais j’aime son chant qui,
à mes oreilles,
résonne comme une célébration.

D’autres oiseaux l’accompagnent,
lui répondent ;
et, pareillement, si le sens de leur propos m’échappe,
leur musique, elle, me ravit,
me sourit,
me nourrit.

Un autre bruit me parvient ;
celui que font, sur le gravier,
les pas de quelqu’un qui s’approche.
Ce bruit de pas,
léger et régulier, passe devant mes yeux fermés ;
il est comme une dentelle au bord de mon silence.

Plus loin, là-bas,
de l’autre côté du mur, derrière la barrière,
la ville vrombit et vibre.
J’en perçois la rumeur impitoyable,
les résonances fébriles,
le rythme persistant.
On s’agite, on se presse, on s’affaire,
on se perd…
On se traîne
on y erre…
Les voitures, les sirènes, les machines, les cris, et même,
parfois,
les rires et les pleurs,
qui font le quotidien de la ville.

Mais tous ces bruits,
je choisis de les laisser là-bas,
au-delà du mur qui borde le parc où je me trouve,
comme à l’arrière-plan de mon univers sonore ;
et quand à moi, je me recueille,
je me rassemble au cœur de mon silence.

Autour de moi, le silence.

J’y accueille la caresse du vent,
le chant des oiseaux,
le pas du passant,
mais pas plus.

Là-bas, il y a le bruit.

Mais là où je me trouve,
juste là,
il n’y a que le silence,
et moi.

Peut-être qu’avec un peu de chance,
à force de le fréquenter,
de le goûter,
parviendrai-je enfin à le laisser,
en moi,
pénétrer.

 

5 réflexions sur “Autour de moi, le silence.”

    1. Merci François!
      Effectivement, je vis aussi un peu ça lorsque je marche. C’est pour ça que je marche généralement seul et sans musique.
      Mais l’assise immobile, que ce sois sur un banc, une chaise ou par terre, m’apporte une qualité de silence irremplaçable.

  1. Quand je me promène dans la campagne avec mes 2 petits chiens sans rencontrer âme qui vive, comme toi, je m’assieds, écoute, respire le silence, ressens ce que tu dis si bien. Très beau. Merci.

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