J’ai un flipper dans la tête.
J’te jure,
des fois c’est flippant (mouarf!)
Cherche pas, je t’explique:
J’ai une idée, comme ça,
une belle idée bien ronde et bien lisse,
elle part tout droit,
semble être promise à un beau destin,
un destin d’idée qui roule bien,
qui marque des points en se réalisant,
ajuste sa trajectoire,
accepte de composer avec le réel
en profitant des rencontres et obstacles pour évoluer,
et fini par donner un beau résultat.
Mais après s’être élancée,
mon idée perd bien vite de sa belle énergie.
Elle se laisse tomber,
mollement,
heurtant ça et là quelques obstacles en tentant de rebondir,
se fait balader, ballotter, bousculer,
manipuler presque,
changeant mille fois de trajectoire,
refusant d’aller là où je voudrais qu’elle aille.
Alors oui, je sais,
une idée, c’est fait pour vivre.
Et la vie,
ça rebondit, ça bouscule, ça dérange,
ça va pas toujours comme je voudrais, hein…
Je peux l’influencer en la secouant un petit peu,
comme le flipper,
en faisant les bons choix,
en modifiant ce qui peut l’être;
mais il y a toujours un moment où
les lois de la gravité se rappellent à moi,
où la réalité s’impose
et s’oppose à ma vision de la trajectoire idéale.
Et si, par malheur, j’insiste trop,
que je m’énerve et tape trop fort,
le flipper part en burn-out;
et la bille,
comme une idée devenue inutile,
tombe dans le néant sans que je ne puisse plus rien y faire.
Alors, comme au flipper,
je dois apprendre à faire juste ce qui est utile,
pour aider l’idée à faire son chemin,
favoriser sa maturation
sans forcer,
sans m’énerver,
avec patience et acceptation.
Acceptation, parfois même,
que peut-être
mon idée n’était finalement pas si bonne que ça,
et que je ferais mieux de la laisser tomber,
volontairement,
pour me préparer à lancer la suivante…
Mais en tout cas,
c’est certain;
ça n’est pas en lançant des billes et en les laissant retomber sans ne plus m’en préoccuper que je vais gagner des parties gratuites au flipper;
de même, ça n’est pas en me contentant de lancer des idées que je vais produire des résultats.
Je dois m’en occuper,
leur consacrer du temps,
choisir de leur accorder mon attention,
me laisser surprendre à l’occasion,
accepter qu’elles évoluent autrement que dans mon intuition initiale,
pour qu’elles aient une chance d’aboutir.
Bon.
C’est pas le tout, ça.
Maintenant que j’ai lancé mon idée d’article,
que je l’ai écrit,
relu et corrigé,
publié…
…faut quand même que je la fasse, cette foutue vaisselle!
Superbe!
Merci pour ce texte
Après l’idée de ce très beau texte sur la vie des idées, franchement, faire la vaisselle c’est plutôt relaxant???