Le Quatuor Esperanza Azteca en Romandie

Je vais essayer de ne pas trop m’étaler.

L’histoire est magnifique et passionnante, mais bon, je ne veux pas te prendre la journée. Et puis le but premier de ce billet est de t’informer d’une petite série de concerts que le Quatuor Esperanza Azteca va tout prochainement donner dans nos régions. Toutefois, je ne résiste pas au plaisir de te résumer très brièvement les faits qui font que pour moi, la venue de ces musiciens est importante.

Donc voilà:

Il y a bien quelques années, un violoniste amateur qui, vieillissant, ne pouvait plus jouer de son instrument en raison de sa santé faiblissante, fut contacté par un jeune violoniste mexicain. Celui-ci était en train de préparer un diplôme professionnel au conservatoire de Genève et il s’était fait voler son violon. Ayant eu vent de ce vieux monsieur qui possédait un violon mais ne pouvait plus en jouer, il eut l’idée de lui demander s’il pouvait lui emprunter son instrument, le temps qu’il termine son année et passe son diplôme.

Ah oui. Je ne t’ai pas dit: le vieux monsieur en question était mon père. Mon papa à moi tout seul, puisque je suis fils unique. Tu vois? À ce moment-là, j’étais moi-même devenu le papa d’un autre fils unique.

Mais c’est pas le sujet.

Lorsque Julio (le jeune violoniste mexicain) eut terminé ses études et se préparait à repartir au Mexique, mon cher papa lui proposa d’emporter avec lui son violon. Je te la fais courte, mais en gros c’est ça. Et si papa lui a fait cette généreuse proposition, c’est parce qu’entre-temps, une formidable amitié était née entre Julio et mes parents.

Reparti au Mexique, Julio, est devenu directeur du conservatoire de Puebla. Il a fondé une école de musique pour les enfants défavorisés; l’idée était de leur mettre entre les mains un instrument de musique avant que d’autres — les chefs de gang — y mettent une arme. Ainsi son intention était autant sociale que musicale.

Au début, cette entreprise a été menée avec les moyens du bord, Julio n’étant pas riche et le financement pour un tel projet ne se trouvant pas aisément. Mais, à défaut d’argent, il possédait une foi à déplacer les montagnes et une formidable énergie positive. (Lorsqu’il a une idée qui lui semble bonne, Julio ne se demande pas si elle est réalisable, il se lance et la réalise.)

Et puis, après quelques années de passionnantes galères, Julio a soudainement fait quelques rencontres qui lui ont permis de transformer — je te la fais trèèès courte! — son projet local en projet socioculturel d’envergure nationale. Voici, traduit par Google, la présentation qui en est faite sur le site de l’organisation:

Nous formons de meilleurs êtres humains par la musique!

Depuis 2009, Esperanza Azteca est un projet musical et social destiné aux enfants et aux jeunes aux ressources limitées, âgés de 5 à 17 ans. Cela est possible grâce à Ricardo B. Salinas Pliego, géré par la Fundación Azteca.

Nous avons actuellement plus de 62 orchestres et chœurs symphoniques dont bénéficient plus de 12’000 filles, garçons et jeunes. En plus d’apprendre la musique, ils développent des valeurs élevées telles que la discipline, la recherche de l’excellence et le travail d’équipe.

L’un des points importants est que les jeunes et les enfants peuvent inspirer leurs familles et leurs communautés pour renforcer le tissu social. Nous avons plus de 1’300 enseignants qui soutiennent et veillent à améliorer l’estime de soi des étudiants.

Du coup, Julio, qui est responsable artistique de ce programme, galère encore plus, mais dans plusieurs galères en même temps, réparties dans tout le pays… Non, ça n’est pas correct de le dire comme ça. Quand Julio parle de son projet avec des étoiles plein les yeux, on sent bien que, si celui-ci lui demande énormément d’énergie, il le nourrit et l’énergise, le motive.

Imagine un peu le plaisir et la fierté des enfants et ados qui se retrouvent dans ce genre d’aventure:

Mais aussi, dans un style plus décontracté (et plus local):

À noter que dans ces deux vidéos, Julio est à la baguette.

~ ~ ~

Mon histoire t’a plu?

Ben oui, je comprends! 

Tu veux en savoir plus? 

Ça tombe bien, Julio est tout prochainement en Suisse. Mais bon. Il ne faut pas t’attendre à des ambiances du type de celles que l’on voit dans les vidéos ci-dessus!

Un quatuor à cordes composé de quatre (!) de ses élèves a récemment gagné, à Mexico, le premier prix du concours national de quatuors à cordes. Rien que ça. Et Julio a décidé de leur organiser un voyage en Suisse avec une petite tournée de concerts. Il en profitera pour donner quelques nouvelles de son projet à ses nombreux amis qui le suivent de loin.

Donc si tu souhaites

  • assister à l’un de ces concerts et goûter dans un même programme à Hadyn, Beethoven, Borodine,, et le compositeur Mexicain Revueltas,
  • entendre Julio présenter son formidable projet socio-humano-culturo-dingo,
  • montrer à ces jeunes musiciens (dont deux resteront en Suisse pour y poursuivre leurs études musicales) qu’ils ont bien fait de traverser l’Atlantique rien que pour toi,

voici quelques informations utiles. Je viendrai mettre à jour ce billet si j’obtiens des précisions supplémentaires:

Les concert de Genève (8 mai) et Lausanne (11 mai) sont annoncés “Entrée libre”. Je suppose que les autres le sont aussi.

GENÈVE
• Mercredi 8 mai à 20h
Eglise anglicane (Holy Trinity Church), 14b rue du Mont-Blanc (affichette ici)

ZOUG
• Jeudi 9 mai à 20h30
au château de Sant Andreas

NEUCHÂTEL
• Vendredi 10 mai à 20h
à la chapelle de la Maladière, Rue de la Maladière  (affichette ici)

LAUSANNE
• Samedi 11 mai à 16h
au Musée Historique Lausanne, Place de la Cathédrale 4 (site du musée ici)

MARTIGNY
• Dimanche 12 mai à 17h
à la Fondation Louis Moret, Chemin des Barrières, 33 (site de la fondation ici)

Voilà.

Le quatuor fera également un passage par la RTS, à Lausanne, pour y enregistrer une émission de radio qui sera diffusée le jour même:

 

ÉmissionMagnétique
diffusion le Vendredi 10 mai à 17h
sur ESPACE 2.


* * * Mise à jour du 20 mai * * *

J’ai eu la chance de pouvoir aller assister à l’enregistrement de cette émission.

Ci-après l’audio de l’émission complète.
(Le Quatuor Esperanza Azteca est en deuxième partie, dès 43:03)


(source RTS)

…et en vidéo, le Libertango d’Astor Piazzola:


(source RTS)

Si le quatuor était bien éclairé pour la capture vidéo, la table autour de laquelle la journaliste Anne Gillot recevait les invités était, par contraste, dans l’ombre. J’ai tout de même tenté une photo de Julio en plein interview:

 


~ ~ ~

Tu sais ce qui me ferait plaisir? C’est de te croiser au concert de Genève…

À bientôt?

 

Julio et le violon de papa en 2007

5 réflexions sur “Le Quatuor Esperanza Azteca en Romandie”

  1. Nadia Guillet

    Chapeau, Dominique! Arriver à dire l’essentiel en si peu de “pages”, à faire envie de venir au concert, d’en savoir davantage et de connaître Julio, j’admire! A bientôt, donc!

    1. Merci Nadia!
      Et merci de m’avoir envoyé le flyer du concert de Genève; je l’ai ajouté en lien dans l’article.

Répondre à Nadia GuilletAnnuler la réponse.

Retour en haut