Le pas et le projet

Bon.

Tu vois, l’idée, là,
juste là,
c’est de soulever le pied droit,
qui est derrière,
et d’aller le poser devant l’autre,
pas trop loin,
pas trop près,
à la juste mesure de mon pas.

Puis il s’agit de transférer le poids de mon corps sur ce pied droit,
de manière à ce que le gauche soit rendu disponible pour prendre son tour.

Rien d’autre.

Et lorsque cette tâche sera accomplie,
alors seulement, sera-t-il temps de m’occuper du pied gauche.

Mais ça, c’est après.

Juste le pas de maintenant,
le pas du présent,
celui que je suis en train de faire.

Rien d’autre.

Il ne s’agit pas de porter déjà l’effort
des dizaines,
des centaines,
des milliers de pas
que je vais encore devoir faire pour atteindre ma destination.

Non.

Seul le pas que je suis en train de faire est important.

Et d’y être présent,
totalement,
consciemment,
avec toute mon attention,
toute ma respiration,
tout moi-même.

Rien d’autre.

~ ~ ~

Bon.

D’un autre côté,
peut-être y a-t-il un piège.

Peut-être ne doit-il pas être nécessaire,
à chaque pas,
de prendre une décision,
de construire un projet.

Peut-être doit-il y avoir une subtile alchimie,
entre la présence à l’instant
et la dynamique du projet,
entre le pas
et l’itinéraire.

Peut-être que la difficulté est là:

Le pas que je suis en train de faire,
s’il nécessite ma présence,
est porté,
favorisé,
rendu possible
par l’énergie cinétique de mon corps en mouvement.

Ce pas que je suis en train de faire
s’inscrit dans un projet,
projet qui a fait lui-même l’objet d’une décision.

Et c’est cette énergie-là qui doit nourrir mon pas
et lui permettre de créer
avec fluidité,
les conditions favorables au pas suivant.

Subtile alchimie,
disais-je,
entre l’énergie du mouvement,
la dynamique du projet
et la présence à l’instant.

…et apprendre à vivre comme je marche.

6 réflexions sur “Le pas et le projet”

  1. Dingue.
    J’ai lu ton article dimanche passé avec émotion, car lundi je faisais justement un pas décisif. il arrivait pile poil.
    Je me suis mise en marche un peu avec toi à ce moment là, et parfois avec conscience le reste du temps.
    Merci

    1. Dingue.
      J’écris un billet, comme ça, un truc perso, et puis je découvre qu’il est entré en résonance avec le vécu de quelqu’un, comme ça…
      Merci pour ce feed-back!

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