J’aime la nuit du matin

J’aime la nuit.
Mais j’en connais deux : celle du soir et celle du matin.
Et celle que je préfère, c’est la nuit du matin.

Déjà parce qu’elle est plus silencieuse.

Et j’aime le silence ;
autant que la musique,
autant que le son de la voix de ma femme,
autant que la chaleureuse présence de mon fils.

La nuit du soir, c’est – pour moi – celle des fêtards, des cris, de l’alcool,
celle que certains vont prolonger jusqu’à plus soif,
encore que cela ne les empêchera pas de continuer à boire…

La nuit du soir, c’est celle du début de la fin.

Alors que la nuit du matin, elle,
me donne faim de début.
La nuit du matin m’ouvre, me donne envie de vivre.
Elle va vers la lumière,
vers le frisson des premiers chants d’oiseaux,
vers la vibration de la nature qui s’éveille.

J’aime marcher dans la nuit du matin.
Pour cela, j’aime l’hiver, qui m’en donne plus.

Mais il arrive que, selon les endroits par où je passe,
je sois confronté aux stigmates laissés par le peuple de la nuit du soir :
mégots, canettes, bouteilles, détritus divers…
(C’est fou comme une canette vide abandonnée sur un banc public peut être bruyante à mes yeux !)

Et c’est une autre raison qui me fait aimer l’hiver.
Car le peuple de la nuit du soir est frileux,
et du coup, ses traces considérablement plus discrètes, voire inexistantes.

~  ~  ~

Etymologiquement, le mot noctambule signifie bien qui marche la nuit.
Mais ce mot ne me sied guère, qui désigne habituellement plutôt le peuple de la nuit du soir.

Alors tiens, j’ai envie d’inventer un mot, et de me l’offrir en cadeau, comme ça :
en contractant ce mot, noctambule, avec l’expression dès potron-minet,
– qui signifie dès l’aube :

Je suis un… dépotronminambule !

5 réflexions sur “J’aime la nuit du matin”

  1. Merci Dominique de partager avec toujours autant de finesse et d’humour ta façon d’être au monde. Encore!

  2. Dominique, depuis que je suis à la retraite(!), j’ai oublié de me lever dès potron-minet et du coup, le petit bonheur que tu décris me donne envie d’y goûter à nouveau et de devenir moi aussi, dépotronminambule. Merci pour cette fraîcheur.
    Nadia

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